Cela fait de nombreuses années que je rêvais de voyager en Iran. Je voulais admirer les mosquées aux mosaïques bleues et déambuler dans les rues des anciennes villes étapes de la Route de la Soie. Longtemps le pays était difficile d’accès. J’avais lu quelques articles sur le pays, entendu parlé des femmes qui bravaient les interdits en s’affichant sans voile sur Instagram. Puis les choses changèrent et depuis la signature sur les accords nucléaires, le pays semblait s’ouvrir aux touristes, il était temps d’aller voir.

Après quelques jours à Téhéran, l’amie avec laquelle je voyageais et moi-même prirent le bus pour Ispahan, par un pur hasard, c’était un vendredi. Le trajet de six heures parut un peu monotone, les paysages désertiques ne changeaient que très peu, quelques chaînes de montagnes arides venaient parfois couper l’horizon.

En fin d’après-midi, nous étions prêtes à découvrir le centre-ville à pied. Il fallait d’abord marcher le long d’une route principale, puis une rue piétonne nous amena à la place Naghsh-e Jahan et là qu’elle ne fut pas notre surprise, du moins la mienne. Sur le gazon de la place les familles iraniennes piqueniquaient, mais il ne s’agissait pas de manger un sandwich, non, un vrai piquenique qui dure toute la journée, avec couvertures, assiettes, couverts, glacières… Certains avaient même leur réchaud à gaz pour s’assurer que le thé restait chaud. Mais plus que ça, ce que j’ai aimé c’est la bonne humeur qui régnait. Des filles faisaient de la bicyclette, des femmes jouaient au ballon, des familles faisaient des tours en calèche, les enfants et les adultes mangeaient des glaces, chacun faisait des selfies (avec ou sans tchador pour les femmes), les discussions allaient bon train et les rires fusaient…

Et là, j’ai compris à quel point mes préjugés étaient erronés. Alors même que j’avais cru avoir compris que le pays était en mutation, je m’étais tout de même attendu à trouver austérité voire abattement, mais en ce vendredi, jour férié en Iran, et belle journée de printemps, c’est la joie de vivre et l’enthousiasme qui prévalaient. Quel plaisir de découvrir des gens si épanouis et de devoir revoir mes jugements.

Merci aux voyages qui font découvrir d’autres visages d’un pays et surtout de casser nos préjugés.

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I’ve been dreaming of travelling in Iran for many years. I wanted to see the blue mosques and walk around the streets of the ancient cities of the Silk Road. For the longest time, it was difficult to visit the country. I had read some articles, heard about Iranian women taking risk by their veil off and posting picture on Instagram. Then things seemed to get better et since the nuclear agreements, Iran was, apparently, opening its doors to the tourists. It was time to go and check.

After spending few days in Tehran, my friend and I, took a bus to Esfahan and by chance it was a Friday. The six hours’ journey felt a bit monotonous, the arid landscape didn’t change much except for few mountains.

By the end of the afternoon, we were ready to discover the city-center. We first walked along a busy street, then a pedestrian way took us to Naqh-e Jahan Square and there, what a surprise… Iranian families were having picnic on the lawn. But, it was not about just having a sandwich. No! It was proper picnic, the one that linger for the day, the one for which you take blankets, plates, cutlery, icebox… Some even had taken their Gaz cooker to make sure tea would be warm. But more than that, what I liked, was the good mood that was floating around. Girls were cycling, women playing football, families were doing tours on horse-drawn carriages, kids and adults were queuing for ice-creams, some were taking selfies (with or without chador, as far as women were concerned), people were chatting and you could hear laughter…

At that moment, I realised how biased I had been. Even though, I thought I had understood the country was in transformation, I had still expected to find only austerity, but on that beautiful Spring Friday, only zest for life and enthusiasm were to be found on the square. What a joy to see such happy people and to have to change my bias.

But thanks to travels, you get to see different aspects of the countries you visit and more importantly you get to overcome your biases.

 

entrance kids-playing lovers

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Un voyage en Iran commence par une visite à la police cantonale, du moins si l’on souhaite obtenir son visa en Suisse avant son départ.

En effet, les documents à fournir pour la demande de visa iranien diffèrent selon son pays de résidence. En Suisse, il est nécessaire de fournir un relevé de ses empreintes digitales et seule les polices cantonales délivrent ce document.

C’est ainsi qu’un jour gris de février je me rendis à Fribourg pour obtenir le document tant désiré. Evidemment, il allait falloir montrer pattes blanches avant qu’elles soient recouvertes d’encre noir ; on n’entre pas si facilement dans les locaux de la police surtout quand il s’agit de l’endroit où l’on enregistre les criminels parce que c’est bien dans ce bureau là qu’il fallait se rendre.

Pour le policier en charge, très grand et très musclé, courtois mais pas très souriant, il était aisé de deviner la destination de mes vacances car seul les touristes désirant voyager en Iran ont besoin d’un tel relevé. Et ce sera à payer cash avec la monnaie juste car l’officier n’a pas de monnaie à rendre.

Au relevé d’empreintes, il faut ajouter un numéro d’autorisation, obtenu auprès d’une agence iranienne. Puis après avoir attendu presque trois semaines, il faut envoyer sa demande de visa à l’ambassade de la République islamique d’Iran à Berne. Sur son site Internet, il est indiqué que la démarche prend au minimum deux semaines, mais dans mon cas, il en faudra trois car Norouz, le nouvel an Iranien qui a lieu chaque année le 21 mars, tombait juste à ce moment-là.

Finalement, mon visa arriva quelques jours avant mon départ, j’étais trop contente de pouvoir partir découvrir l’Iran.

Pour compléter l’information : pour les citoyens de nombreux pays il est maintenant possible d’obtenir un visa à l’arrivée en Iran. Selon les récits des voyageurs rencontrés, cela peut prendre de 30 minutes à plusieurs heures…

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A trip to Iran starts by a visit to the police station, at least if you want to receive your visa in Switzerland before leaving.

The requested documents required for an Iranian visa are different depending on your country of residence. In Switzerland, you must give a form with your hands imprints and only your canton’s police station can deliver this document.

That’s why I found myself going to Fribourg on a grey February day. Of course, I had to get an appointment, as you don’t enter so easily in the office where the police registers criminals, cause it’s where I had to go.

It was easy to guess where I was going on holidays for the very tall and muscled, polite but not very cheerful police officer because Iran is the only country asking for such a form. And please pay the correct amount in cash, had I been informed before coming, cause the officer will not have change.

On top of the hands imprints form, you must also get an authorisation number from an Iranian travel agency. After waiting almost three weeks to receive the coveted number, I could send my visa request to the Iranian Embassy in Bern. On their Internet site, it says it takes a minimum of two weeks, but of course, mine took longer to come as Nowruz, the Iranian New Year celebrated on March 21st, was just around the corner.

Finally, after 3 more weeks, I received my visa just few days before leaving, but I was so happy to be able to go and discover Iran.

To complete the information: for citizens of many countries, it is now possible to receive a visa on arrival in Iran. However, each traveller tells a different story; for some it took just 30 minutes and for others few hours…

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Quand on voyage, on est parfois plus à l’aise pour prendre des photos que lorsqu’on est dans son cadre habituel. L’exotisme des paysages et des gens attise l’intérêt et puis, c’est un peu le « job » du vacancier que de ramener des souvenirs photographiques. Mais est-ce que pour autant on peut tout photographier ?

Quand je voyage, la plupart du temps, mes photographies de paysages ou d’architecture sont assez banales. Je préfère photographier les détails : la peinture écaillée de vieux murs, les effets des tissus colorés, les ciseaux que la couturière vient de poser, les mains au repos… Mais avant tout, j’aime photographier les gens. Pas seulement parce qu’ils pratiquent une activité ou une profession particulière, mais surtout pour la beauté de leurs traits, de leurs rides et de leurs attitudes.
Mais parfois, les clichés ne correspondent pas à ce que l’on attend…La personne bouge, met ses doigts dans son nez, englouti de la nourriture et tout ça ne met pas les sujets en valeur… Ces photos là, en général, on ne les garde pas ou alors juste pour illustrer des propos. Mais récemment quelque chose d’autre m’est arrivé. Je n’ai pas osé prendre la photo de quelqu’un. Pas parce que la personne concernée m’avait fait un geste signalant qu’elle ne voulait pas être prise en photo (dans ces cas là, je respecte la décision et ne prends pas de photo) mais parce que la situation était particulière…
Je marchais dans les rues d’Hanoi quand une vielle femme marchant devant moi a attiré mon attention. Elle était vêtu de brun et marchait d’un pas hésitant comme si elle cherchait quelque chose. Une certaine fragilité se dégageait d’elle, je l’ai trouvée touchante et j’ai eu envie de la prendre en photo. Mais à ma grande surprise, alors que je m’apprêtais à prendre une photo, je l’ai vu s’arrêter, s’accroupir et baisser ses pantalons pour uriner au bord de la route où passaient scooters et voitures. Et à ce moment là : pudeur, respect, gêne, je me suis arrêtée. Je n’ai pas osé prendre la photo, je n’ai pas voulu prendre la photo et j’ai ri, de son audace, de son insouciance…

Et vous, vous vous êtes déjà trouvé dans uns situation similaire ?

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Ce n’est pas la première fois que je vais en Inde. Je suis habituée aux villes et aux campagnes qui fourmillent de monde, à voir la pauvreté côtoyer la richesse, à visiter d’humbles maisons comme des palais, à humer des odeurs envoutantes ou étranges et à voir défiler les couleurs exubérantes de la nature comme celles des tissus.

Mais par-dessus tout, je suis habituée aux sons de l’Inde. Les appels des vendeurs qui passent dans les rues, les haut-parleurs qui appellent à la prière ou aux réunions politiques, les klaxons des voitures coincées dans les bouchons ou dépassant des camions, les pétarades des auto-rickshaws, le tac-à-tac des trains, la musique des radios diffusant les derniers ou les plus anciens tubes de Bollywood, les chiens qui aboient aux coins des rues et les corbeaux qui partout et à toute heure croassent.

Cette fois, comme toutes les autres fois, j’ai entendu ces sons. Je ne les ai pas vraiment écoutés, mais ils étaient là, faisant parti du fond sonore habituel.

Mais, il a suffit d’une nuit de train, quelques heures de route et de marche pour qu’une fois arrivée dans le collines de l’Uttarakhand, je réalise à quel point, tous ces sons et bien d’autres font l’Inde.

C’est le chuchotement de la pluie et le pépiement des oiseaux, qui seuls osent effleurer le silence, là-haut dans les collines, qui m’ont fait prendre conscience du tumulte de l’Inde. Et qui m’ont fait réaliser à quel point le silence est reposant.

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